Le bénévolat en France affiche des chiffres impressionnants : près de 12,5 millions de bénévoles engagés dans 1,4 million d’associations, et sa valeur économique approche les 2% du PIB. Dans les Bouches-du-Rhône, on comptabilise environ 48 000 associations actives accueillant 450 000 bénévoles. Chaque année, notre département dépasse la moyenne nationale de création d’associations.
Pourtant, une étude récente publiée par Recherche et Solidarités, révèle une transformation profonde de l’engagement bénévole : il est désormais plus ponctuel et majoritairement représenté par des personnes de moins de 35 ans. Si la crise sanitaire de 2020 a marqué les statistiques, ils soulignent d’autres difficultés pour les associations aujourd’hui : elles peinent à se renouveler, leur gouvernance attire moins, elles manquent de moyens et leurs actions ont parfois un impact limité ou très spécifique.
Mises au pied du mur aussi par des subventions revues à la baisse, voire supprimées, les associations se réinventent pour attirer et fidéliser une nouvelle génération de bénévoles. Cet article vous propose des pistes de réflexions pour relever les défis organisationnels et financiers qui engagent les associations.
Vers une gouvernance participative et un engagement sur-mesure
Le sens de l’action est un facteur clé de l’engagement. Tout en restant fidèle à ses principes, toute association peut repenser son processus décisionnel en s’appuyant sur divers outils. Ces derniers permettent d’accompagner l’implication des membres, inspirer de nouveaux modes d’échanges, favoriser l’émergence de nouvelles idées et répondre au souhait d’un engagement plus ponctuel des bénévoles. Voici quelques pistes de réflexion :
- Sensibiliser les membres aux principes et pratiques de la gouvernance participative, en organisant des formations sur ce sujet ou en s’inspirant des pratiques d’ailleurs tels que le Mouvement Colibris.
- Exprimer les idées et cocréer des solutions, en organisant des séances ouvertes avec les membres, en mettant en place des rencontres informelles autour du projet associatif, en utilisant divers outils d’animation, comme ceux de GRAINE Guyane, par exemple.
- Trouver de l’engagement dans le mécénat de compétences, en mobilisant des entreprises prêtes à mettre à disposition leurs employés dans des missions d’intérêt général que les associations proposent. Des fondations d’entreprise comme la Fondation EDF ont même des plateformes dédiées à ce type de financement alternatif.
- Engager les bénévoles sur des actions précises, en sollicitant des acteurs phares qui peuvent aider à les trouver comme France Bénévolat, Unis Cité Méditerranée, La Team 13 ou encore Marseille Bénévoles.
Valoriser les compétences individuelles pour renforcer l'engagement et l'efficacité
Chaque personne possède des compétences et des appétences uniques. En leur permettant de les mettre en pratique, on les valorise, on favorise un engagement plus fort et une participation ajustée de chacun, tout en améliorant l’efficacité des actions. Il existe des outils concrets pour favoriser cette valorisation, en voici quelques-uns :
- Reconnaitre officiellement l’engagement bénévole de ses membres, en utilisant le Passeport bénévole porté par France Bénévolat ou encore ouvrir un Compte engagement citoyen cotisant des droits à la formation.
- Cerner chaque potentialité en utilisant des supports qui aident à mieux identifier les besoins, les désirs et les motivations des différents membres comme les cartes de l’empathie proposées par CommunAgir.
- Utiliser des outils de gestion de projets en ligne pour fédérer l’équipe, visibiliser l’avancée des tâches de chacun et l’évolution du projet au général, comme les outils de la suite Microsoft dont l’outil Project, gratuit pour les associations qui en font la demande.
Adapter sa communication à l’ère du numérique
Dans un monde de plus en plus digital, adapter sa communication est incontournable pour toucher le plus grand nombre de personnes engagées, notamment les plus jeunes ! On parle du “web-bénévolat” !
Sans grande surprise, les réseaux sociaux en sont la clé ! Selon le site associathèque.fr, les réseaux sociaux “offrent la possibilité de créer et de déployer des groupes militants ou de supporters sur Internet. Mobiliser une communauté permet de relayer des messages, aide à lever des fonds, démultiplie les possibilités de réaliser une mission de l’association sur Internet ou sur le terrain.”
Comment s’y prendre pour mobiliser sur le web ?
- Cibler les réseaux sociaux les plus pertinents pour l’activité de l’association, et y dédier un peu de temps pour assurer une visibilité régulière, pertinente et dynamique. Voici un article qui présente les réseaux sociaux les plus utilisés par les Français et par âge.
- Visibiliser les actions et le combat associatif, ce qui permet au grand public de repartager le contenu mobilisant davantage les personnes.
- Adapter le contenu en fonction des personnes que l’association souhaite toucher, une publication sur Facebook ne devra pas être la même que sur Snapchat, Twitch ou LinkedIn.
- Développer la participation numérique du plus grand nombre, en proposant des sondages éphémères disponibles sur les réseaux sociaux, ou même par l’utilisation d’outils en lignes gratuits et simples d’utilisations, comme Balotilo pour le vote en ligne, doodle ou encore Whatsapp pour les propositions de dates.
- Créer du contenu proche du terrain, et utiliser des visuels qui renforcent votre identité. Canva propose des milliers de modèles gratuitement. De plus, la version payante de cet outil est gratuite pour les associations.
- Garantir sa transparence par l’acquisition de labels, la participation à des collectifs, fédérations… Bref, travailler en réseau !
Au sein du Mouvement Parcours Handicap 13
De manière générale, l’engagement du bénévole se trouve avant tout dans la possibilité de créer du lien social, d’engager sa citoyenneté en étant utile, en agissant pour les autres et en participant au changement, mais aussi de développer son savoir-faire et savoir-être par la transmission ou encore la formation.
Au fil des années, le Mouvement a su décloisonner des secteurs divisés, faciliter les échanges entre personnes concernées et professionnels, encourager des collaborations, favoriser les projets innovants et composer une équipe salariée pour épauler les administrateurs, premiers bénévoles dans l’engagement militant !
Toutefois, malgré les 9 000 heures bénévoles mobilisées annuellement pour notre vie associative, nous sommes conscients des difficultés rencontrées à maintenir l’ancrage et la mobilisation sur les territoires, trouver de nouvelles ressources et développer de nouvelles initiatives.
Après plus de 25 ans d’existence, comment peut-on continuer à œuvrer, à se développer et à porter la voix des personnes concernées, sans s’essouffler ? Notre première réponse a été d’entamer un travail introspectif, guidé par un dispositif local d’accompagnement (DLA), impliquant toutes les parties prenantes dans des débats vifs, la prise de conscience de différences dans certains fonctionnements ainsi que des besoins de clarification des objectifs dans une société en évolution.
Pour faire face à la transformation de l’engagement bénévole et aux nouveaux enjeux financiers, nous devons tous en tant qu’associations engager une réelle réflexion globale de nos organisations, fonctionnements et actions.
La transformation se réfléchit, se vit et surtout, s’accompagne. Osons innover et évoluer pour garantir que nous répondons pleinement aux engagements que nous nous sommes fixés !
Pour aller plus loin :
- Article, « Vers une gouvernance partagée dans l’ESS », 2023, Avise
- Enquête « La France bénévole », 2024, Recherches & Solidarités
- Article « L’essentiel de la vie associative des Bouches-du-Rhône », 2023, Ministère de l’Education Nationale et de la Jeunesse
- Article « Panorama du bénévolat en Europe », 2011, Le Mouvement associatif
- Rapport public, « Les subventions allouées aux associations de la région et du département », 2014, Cour des comptes
- Etude, « Le fundraising en 2030 », 2024, Adfinitas